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CINÉMA (suite 2)

"Paris Texas"

Wim Wenders

 

Après quatre ans d'absence, un homme amnésique et muet réapparaît dans le désert, au Texas. Celui que sa famille croyait mort tente de recoller les morceaux de sa vie : d'abord son fils de huit ans qui a été élevé par son oncle puis sa femme partie travailler dans un peep-show de Houston.

"Il n’a pas regardé une seule fois l’incendie. Il a juste couru. Il a couru jusqu’à ce que le soleil se lève et qu’il ne puisse plus courir. Et quand le soleil s’est couché, il s’est remis à courir." Est-il besoin d’en dire plus ? Paris, Texas, c’est 2h25 de mots choisis et utilisés avec parcimonie pour créer ce manque que ressent Travis. Travis qui court. Il ne fait que courir. Après la femme qu’il aime, après son fils, après sa vie. Paris, Texas, c’est cette scène inoubliable dans le peep-show où Travis retrouve Jane. Jane ne le voit pas. Travis parle. Jane comprend. Travis les raconte. Jane pleure. Et nous aussi nous pleurons.

 

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"Les ailes du désir"

Wim Wenders

 

Berlin d'avant la chute du mur. Il coupe encore la ville, l'Europe, le Monde en deux... Sur les tours des églises, assis sur les bras des statues, aux terrasses des cafés, marchant dans la ville, des Anges veillent et passent tantôt au-dessus, tantôt à travers le mur...
Parmi eux, Damiel et Cassiel. Leur quotidien (à eux qui sont tout à la fois "hors" du Temps et le Temps lui-même) ? Observer les femmes et les hommes, écouter leurs pensées avec toujours énormément d'attention, noter même scrupuleusement dans un carnet les petits faits et gestes ("Une vieille dame a fermé son parapluie d'un coup sec et s'est laissée tremper"), poser parfois une main amicale sur l'épaule de celui ou celle qui, perdu, broie des idées noires et qui, du coup, découvre ou retrouve une certaine force en lui/elle, un espoir venu d'il/elle ne sait d'où...
Les anges sont là depuis la nuit des Temps. Mais parfois, il arrive que l'un d'entre eux déserte pour tourner "humain". Tel est le rêve de Damiel. Et ce qui ne semble au début qu'une simple aspiration amusée, devient un vrai désir après deux rencontres décisives: celle de l'acteur Peter Falk, venu tourner un film à Berlin et qui, comme tout humain, ne peut voir les anges, mais qui, contrairement à eux, "sent" leur présence ; et puis celle de la belle trapéziste Marion qui se balance dans les airs, des ailes de... poulet dans le dos. Le cirque pour lequel elle travaille doit faire ses valises et la laisse seule à Berlin. Marion est belle, douce, mais mélancolique. Elle attend l'Amour. Et Damiel tombe précisément amoureux d'elle... Alors, il décide de faire le grand saut et passe du Noir et Blanc des anges à la couleur de la vraie vie...

 

Un poème de Rainer Maria Rilke a beaucoup compté dans la réalisation de ce film :

La nuit je veux parler avec l'ange,

pour savoir s'il reconnaît mes yeux.

S'il me demandait soudain : regardes-tu l'Eden ?

Et je devrais dire : l'Eden brûle.

Je veux lever ma bouche vers lui,

dur, comme celui qui n'a pas de désir.

Et l'ange dirait : pressens-tu la vie ?

Et je devrais dire : la vie tenaille.

S'il trouvait cette joie en moi,

qui, en son esprit, devient éternel,

et s'il l'élevait dans ses mains,

et je devrais dire : la joie s'égare.

 

 

"The Million Dollar Hotel"

Wim Wenders

 

Wim Wenders nous entraîne dans un hôtel mythique de Los Angeles à la rencontre de sa faune, faite de déshérités, de débiles en tout genre, et de gens, pas forcément comme les autres...
En 2001 à Downtown Los Angeles sur le toit du The Million Dollar Hotel, Tom Tom prend son élan pour terminer sa course par un grand plongeon dans le vide. Dans sa chute, il se dit : "Après avoir sauté, j'ai réalisé..." Mais revenons quelques jours en arrière. L'hôtel est devenu le centre d'intérêt des médias et de la police suite à la chute du toit d'un junkie aimé de tous, Izzy qui est également le fils caché d'un mania de la presse. L'agent Skinner du FBI est envoyé sur les lieux afin de résoudre cette mystérieuse affaire. Dans son enquête, il se voit gentiment harcelé par Tom Tom, un garçon aimable et étrange, amoureux d'Eloise, une jeune fille aussi tordue que lui. Commence alors pour notre homme du FBI, une enquête difficile dans un lieu aussi bizarre que ses habitants...

 

 

 

 

"Parle avec Elle"

Pedro Almodovar

Marco et Benigno sont l'un à côté de l'autre, admirant avec émotion un spectacle de Pina Bausch.
Marco est journaliste. Il vient de vivre une douloureuse séparation. Un jour, il aperçoit la célèbre torera Lydia, pleurant à la télévision. Elle aussi a du mal à vivre une séparation. Ils se rencontrent et apprennent à s'aimer.
Benigno est infirmier. Il veille autant qu'il peut sur la douce Alicia qu'il observait de sa chambre quand elle s'entraînait à danser. Alicia est dans le coma. Il lui parle, la soigne, la lave, lui raconte sa vie. Sa vie à elle si elle n'était pas dans le coma.
Lydia affronte un taureau de trop, perturbée par sa journée. Elle finit dans le coma. Marco croise de nouveau Benigno. Leur amitié commence ; même si le destin de l'un et de l'autre n'est pas celui là.

 

 

 

"Eurêka"

Shinji Aoyama

 

A Kyushu, au sud-ouest de l'archipel japonais, un matin de chaleur estivale... Une sanglante prise d'otages dans un bus municipal épargne le chauffeur, Makoto, une écolière, Kozue, et son frère aîné, Naoki. Traumatisé, Makoto disparaît. Les deux enfants s'enferment dans le silence. Deux ans plus tard, leur mère divorce, leur père meurt au volant de sa voiture. Les voilà seuls dans la maison familiale. Makoto réapparaît soudain et décide de s'installer chez eux, rejoint bientôt par le cousin des adolescents, Akihiko, un étudiant en vacances.
Le corps d'une femme est retrouvé sur la berge d'une rivière et la police soupçonne Makoto. Peu de temps après, celui-ci achète un bus d'occasion, l'aménage en camping-car et invite Kozue, Naoki et leur cousin à partir en voyage...
 

 

 

 

 

"Princesse Mononoké"

Hayao Miyazaki

Au 15è siècle, le jeune Ashitaka sauve son village de l'attaque d'un tatari-gami, sanglier devenu démon maléfique. Blessé, il est voué à la mort lente. Seul, le Shishigami, dieu-cerf de la forêt pourrait le sauver. Il part à sa recherche et croise dans la forêt la route d'une jeune fille élevée par les loups et vivant avec eux, San (Princesse Mononoké). Celle-ci lutte contre la noble Dame Eboshi, laquelle dirige une fonderie où les arbres abattus servent à produire du fer. Achitaka s'interpose entre les deux femmes et tentent de concilier les deux points de vue...

Le film délivre un important message écologique, certes, mais jamais didactique et encore moins manichéen. Au contraire, nous dit le réalisateur, personne n'est tout bon ou tout mauvais dans ce récit. Chacun a ses raisons d'agir, justifiées et respectables. Mononoké lutte pour la défense de la forêt et Eboshi pour le progrès, les loups et les sangliers pour leur survie. La haine est associée à un poison maléfique qui donne, certes, la force de détruire l'ennemi, mais ne solutionne jamais les problèmes. Seule l'acceptation de l'autre peut nous aider à ne pas détruire notre propre monde...

 

 

"Le Tombeau des Lucioles"

Isao Takahata

 

Durant l'été 1945, les B-29 américains déversent des tonnes de bombes sur Kobe, qui s'embrase. Suite aux pluie noires, le jeune Seita et sa petite sœur, Setsuko âgée de quatre ans, sont orphelins. Accueillis à contrecœur par une de leur tante, ils décident de se réfugier dans un abri désaffecté, à l'écart du village et illuminé par des milliers de lucioles. Aménageant cet abri rudimentaire, Seita et Setsuko retrouvent une vie plus douce. Mais bientôt la nourriture vient à manquer et la générosité des paysans se tarit. Setsuko s'affaiblit et Seita doit avouer son impuissance contre la faim et la fièvre qui ronge sa petite sœur, faute d'alimentation et d'hygiène.

Le Tombeau des Lucioles aborde de façon très réaliste le thème des enfants face à la guerre, réalisme qui contraste avec sa forme animée et lui donne tout son intérêt. Le film est sans complaisance pour un Japon en ruine, vaincu. La force et le naturel des enfants face à cette situation " extraordinaire " s'opposent à la cruauté du contexte historique.

 

 

"Hana-Bi"

Takeshi Kitano

Policier atypique et silencieux, Nishi voit son collègue Horibe mutilé par la mafia, tandis qu'il apprend que son épouse, atteinte d'un cancer, est condamnée. Nishi décide de quitter la police sur un ultime coup d'éclat (le cambriolage d'une banque), avant de rejoindre sa femme dans la fuite vers la mort. Pourchassé par la police et par les yakuza qui veulent récupérer leur argent, Nishi comprend que ce voyage sera le dernier. Entraînant sa femme à travers le Japon, l'homme vivra ses derniers instants d'amour et de tolérance.

Aucun mot ne peut décrire cette atmosphère fidèle aux films de Kitano, sanglante et céleste, triste et violente, qui cloue le spectateur devant un écran miroir d'émotions. Incontestablement récompensé par le Lion d'or à Venise en 1997.

 

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"L'été de Kikujiro"

Takeshi Kitano

 

C’est l’été, il fait chaud et Masao s’ennuie… Le terrain de foot est désert, sa grand-mère travaille toute la journée et tout ses copains sont partis en vacances… Les journées lui paraissent longues, très longues.
Le petit garçon de neuf ans commence sérieusement à désespérer lorsqu’un jour, au détour d’une rue, il se fait racketter par une bande de jeunes. Intervient alors Kikujiro, qui le tire de ce mauvais pas, non sans récupérer tout le butin des gamins.
La cinquantaine ronchonne, un peu voleur, un peu menteur, un peu joueur et grand jureur, Kikujiro se laisse convaincre par sa femme d’accompagner Masao qui rêve d’aller voir sa maman qu’il ne connaît pas. Kikujiro part d'autant plus volontiers que lui aussi s’ennuie ferme.
Les deux partent donc à l’aventure sur les routes. Sous un soleil de plomb, ils marchent, font du stop, des bêtises et des pitreries et se lient d’amitié.
Pour Masao et Kikujiro qui s’attendaient à trouver un été gris et morne, ils découvriront un été plein de couleurs, de joies et de déceptions, et feront des rencontres plus ou moins amusantes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Les contes de la lune vague après la pluie"

Kenji Mizoguchi

 

Au XVIe siècle, un potier et un paysan quittent leur famille pour réaliser leurs rêves: le premier, Genjuro, veut faire fortune pour combler sa femme, Miyagi; le second, Tobei, veut devenir samouraï pour impressionner la sienne, Ohama. Avec leurs compagnes, les deux hommes tentent de rejoindre la ville. Mais la route est infestée de bandits. Genjuro renvoie Miyagi au village, tandis qu'Ohama se perd dans la ville. Tobei, qui prétend avoir tué un général, devient un héros. Pendant ce temps, Ohama se doit se prostituer pour survivre. Quant à Genjuro, il se découvre une passion érotique pour la mystérieuse Wakasa, tandis que sa femme meurt, tuée par des soldats. Retrouvant Ohama dans un bordel, Tobei rentre au village avec elle. De son côté, le potier, après avoir découvert que Wakasa n'est qu'un fantôme, retourne également chez lui, où il comprend que, même morte, sa femme continue à veiller sur lui.

 

 

À la fois violent et contemplatif, cruel et empreint de compassion, sensuel et lyrique, ce film (titre original: Ugetsu Monogatari) résume toute l'œuvre de Mizoguchi. Les Contes offrent un mélange insolite d'action, de comédie et de surnaturel, sur fond de guerre civile. Sorte d'autoportrait de Mizoguchi à travers le personnage de l'artiste Genjuro, le film marie un style parfois très brutal dans les scènes d'action à un esthétisme subtil dans les séquences intimes. On se souvient alors que Mizoguchi fut aussi un peintre, comme le montre fortement la composition de certains plans.

 

"Mamma Roma"

Pier Paolo Pasolini

Le jour où Carmine, son souteneur, se marie, Mamma Roma, prostituée vieillissante, se voit enfin libre. Elle va pouvoir réaliser le rêve de sa vie : vivre avec son fils Ettore, qu'elle avait fait élever à la campagne et qui est maintenant âgé de 16 ans, tout en exerçant désormais un travail décent et respectable. Elle devient marchande des quatre-saisons, et quitte son vieux logement pour un autre, dans un quartier plus chic. Mais Ettore n'a jamais connu sa mère...